(commissariat) a simple trouble - feat. oliver

Il n’est plus question de conseil de discipline ou d’acte sans conséquence désormais. Grande fille. Jeune femme. Adulte. Qu’importe les raisons qui mènent à porter de tels gestes, tu ne peux vraisemblablement plus en coller une dans la tête d’un autre et finir avec le nez en sang sans qu’il n’y ait de conséquences. L’objet du jour, ou plus précisément du soir? Une altercation entre un mec beaucoup trop lourdingue qui ne voulait pas lâcher une étudiante non consentante. Et vu que le lourdingue en question est plutôt du genre universitaire friqué et fils à papa, on fait tout un cinéma parce que le petit fiston chéri se fait corriger par une blondinette de même pas un mètre soixante-dix. On appelle les flics. On veut porter plainte. Et tu te retrouves assises avec un mouchoir devant ton nez qui pisse le sang. Tu es lasse. Tu es lasse et même presque désabusée car tu sais ce qu’il va se passer… Tu te moques de la tête de l’autre abruti. Tu te moques de la potentielle plainte de son père. Tu te moques même si on devait t’ouvrir un dossier. Le seul truc que tu as en tête : ton frère va débarquer ! Ton frère va débarquer et il va encore autant te sermonner que s’encombrer de tous les tracas de cette histoire qui, en définitive, ne le regarde en rien. Tu as juste voulu défendre une autre étudiante. Ce n’est même pas que tu as commis un vrai acte d’illégalité. On pourrait dire que, oui, tu n’as malheureusement pas cogné sur la bonne personne ! Un étudiant lambda, il y aurait même pas eu de police. Ca se réglait à l’ancienne, comme dans une cours de récré et on en parle plus. Si seulement…!

Ce n’est pas méchant mais, dans de telles circonstances, tu n’as pas envie de voir Oliver. Même si tu n’es pas fautive, il y a neuf chances sur dix que tu te manges un discours paternaliste parce que tu as pris des risques tout de même inconsidérés. La violence ne résout rien. Imagine si on t’avait agressé encore plus violemment en guise de représailles. Tu te rends comptes des emmerdes que ça risque de t’amener. Tu recommences comme au lycée. Il faut que tu te reprennes. C’est pas ce que je veux pour toi… En vérité, la liste pourrait être infiniment plus longue encore. Tu prépares juste le magnétoscope mental le temps que ton grand frère fasse la route jusqu’ici pour te récupérer. Par contre, en vrai, si ce satané nez pouvait arrêter de couler, ça serait pas du luxe. Pas que la saveur du sang s’écoulant à moitié dans tes nasaux et sur ta peau est désagréable mais c’est tout comme ! Et on passera le fait que ça continue quand même de secouer pas mal niveau douleur ressentie. Quelle idée d’avoir une zone aussi sensible ! Un officier du commissariat passe néanmoins poliment près de toi pour savoir si tu veux quoique ce soit. Un hochement de tête de gauche à droite suffit à lui répondre négativement. Le son de ses pas s’éloignent pour te faire en entendre d’autres approcher. Et inutile de dire que même dans un commissariat, tu as ce radar inexplicable capable de te permettre d’identifier les pas de ton frère ! “Je t’en prie, épargne moi le sermon habituel…” Lances-tu, relevant lentement mais sûrement les yeux vers lui, toujours avec ton gros mouchoir de fortune sur le pif.